Olivier de Sagazan en quête de synthèse
Il organise à l'automne une exposition et un colloque sur le corps
On peut parler d'événement artistique majeur. Olivier de Sagazan, qui a installé son atelier de peintre et de sculpteur au Petit-Maroc dans l'ancienne épicerie de la place de la Rampe, organise à l'automne à la galerie des Franciscains, une exposition qui réunira des grands peintres et plasticiens, de renommée internationale, travaillant sur le corps comme Rustin, Velickovic, Labégorre, Franta, Cremonini, De Sagazan, Rebyrolle, Ernest Pignon Ernest, Pat Andréas.
. Ces regards artistiques multiples seront confrontés à la réflexion d'intellectuels exerçant dans des domaines différents, invités à un colloque sur le même thème.
Marie Jozé Mondzain, philippe Verrièle, Ronan de Callan, Marcel Moreau..Bernard Noêl.
Olivier de Sagazan nous explique sa démarche et ses attentes.
Quelle a été la genèse de ce projet ?
La proposition m'a été faite de monter une exposition à Saint Nazaire . Je suis rapidemment parti sur l'idée de réunir des artistes qui travaillent comme moi sur la question de la représentation du corps
mais aussi des intellectuels qui travaillent dans des domaines analogues
Et vous pensez qu'une cohérence sortira de tout cela ?
J'ai personnellement opté pour la peinture et la sculpture, mais tous ces travaux participent d'un même élan, qui fait partie de cet étonnement primordial inscrit dans l'homme, qui est d'essayer de comprendre ce qu'il est et ce qu'il fait sur terre. Là, ce sera l'occasion de réfléchir à la question fondamentale du corps. De la chair pour parler plus juste car, dès qu'on parle du corps - question qui est abordée depuis des siècles -, on tombe dans ce dualisme du corps et de l'esprit, avec cette ambiguïté que c'est l'esprit qui domine sur le corps, lequel est mis du côté de l'animal, de la bestialité, du péché. On cherchera une jonction entre ceux deux éléments.d'ou le concept de l'exposition Corps-Texte
Le christianisme ne fait pas cette distinction.
Le message du Christ est très intéressant par rapport à ma démarche, mais il a été totalement spolié par la suite par les théologiens. C'est une des seules religions incarnées. Les très grandes diatribes au Ve, VIe et VIIe siècles entre iconoclastes et iconophiles ont fait des milliers de morts, parce que certaines icônes avaient été amenées dans certaines villes et on considérait comme un blasphème de vouloir réduire la déité à l'image. Jusqu'à l'arrivée d'un certain Théopoulos qui a dit : « Vous appartenez à la religion du Christ, donc vous estimez que Dieu a pris comme relais le corps pour parler aux hommes. C'est donc que le corps que vous dénigrez,
cette image, cette figure est au contraire quelque chose d'extraordinaire car c'est le lien avec la divinité. » À partir de là l'icône est devenue un moyen d'accéder à l'absolu.
On pourrait faire un parallèle avec l'art contemporain où actuellement on retrouve un intellectualisme forcené et pour qui l'art se réduit à des concepts. Dans le colloque, on retrouvera ces deux tendances, que j'essaierai de rapprocher.
Propos recueillis par
Pierre BIGOT